Aujourd’hui encore, et malgré l’empreinte du temps passé, je n’ai rien oublié. Il a suffi que je rouvre le seul carnet de voyages que j’ai conservé pour retrouver l’émotion intacte. Telle une plante impétueuse enfermée dans une boîte hermétique, elle jaillit, éclaboussant mon présent de ses senteurs extraordinaires. Je suis assise à mon bureau, face aux baies vitrées donnant sur les collines cramées par la chaleur. Ce récit est mon testament en forme d’ode à l’amour. Car j’ai l’intention de revenir dans une vie prochaine pour la chercher, elle que j’ai laissée au pays des dieux de l’Olympe. Mon Eurydice, ma muse, je n’ai cessé de t’aimer. Nous nous retrouverons, ce que nous n’avons pu vivre dans ce siècle, nous le réaliserons dans un autre. Un regard suffira pour que, des tréfonds de nos mémoires, ressurgisse une lointaine harmonie en prélude à nos accords.